Une des questions les plus fréquentes lorsque je commence à discuter avec un futur client est de justifier de mon expérience, et de présenter des réalisations passées. Or, je suis extrêmement limité dans cet exercice contrairement à d’autres développeurs ; et ce par l’essence même des missions et le profil des clients que j’accompagne majoritairement.
En effet, une très grande majorité des projets qui m’attirent et me motivent sont des projets innovants, pour des clients essayant de prendre un temps d’avance sur leurs concurrents, qu’il s’agisse de divertissement, d’industrie ou autre. C’est très stimulant, très amusant aussi, mais cela vient avec une énorme contrepartie : l’impossibilité de communiquer sur ce que je fais.
C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle je me suis mis à publier ici et là des articles, pour communiquer sur les missions où je le peux, transformer les thématiques de celles où je ne le peux pas vraiment, mais néanmoins pourvoir parler de ce que je réalise professionnellement parlant, de la technique mise en place, des recherches réalisées …
En effet, il est hors de question pour un client de voir un joli article sur LinkedIn raconter les 6 derniers mois que j’ai passés à réaliser une solution qui lui donnerait des mois si ce n’est des années d’avance sur ses principaux concurrents. Ce n’est même pas une question de NDA (Non Disclosure Agreement, ou contrat de confidentialité), mais tout simplement de bon sens.
De plus, par la nature des contrats que je signe, je ne reste quasiment jamais propriétaire du code que j’ai pu écrire. L’équation est simple : soit ce code est trivial, et n’a en soi aucun intérêt en tant que tel ; soit il est innovant et il devient propriété du client final à la livraison. Et encore une fois, il s’agit de bon sens : mettez-vous dans la position d’un client qui travaillerait avec moi pendant 6 ou 9 mois, et qui quelques semaines après la réalisation retrouverait la solution technique développée copiée chez quelqu’un d’autre avec un simple changement de logo. Ça vous ferait grincer des dents non ?
Mes seules options sont :
- Avoir l’accord du client immédiatement : très, très rare, pour les raisons décrites depuis le début de l’article.
- Attendre que le projet soit abandonné : à ce moment-là il n’y a plus vraiment de notion de concurrence, même si certains clients ont encore la crainte de voir leur idée leur échapper et être reprise par un de leur concurrent. De plus dans ce cas le client ne répond généralement tout simplement pas, ou ne me tient pas au courant de l’arrêt de la mise en production du projet et je ne suis pas forcément au courant.
- Attendre que le projet soit public, connu, et avoir l’accord du client. Étant dans l’innovation, peu de projets arrivent statistiquement au déploiement et à l’exploitation pérenne publique sur du long terme. Comme nous l’avons vu, certains n’aboutiront pas, seront abandonnés pour des raisons variées, où une fois mis en production ne seront pas forcément maintenus dans le temps et vivoteront.
Tout cela est dommage, car si tout le monde a à apprendre des projets réussis ; il y a une somme incroyable d’enseignements à tirer d’un projet au succès plus terne ; autant pour mes clients, que mes collègues, que moi en termes de rétrospection et d’analyse.
Pour toutes ces raisons, je me retrouve donc bloqué “by design” : il ne reste que quelques maigres projets, pas forcément les plus innovants, les plus intéressants ni les plus réussis
Mais alors quid des projets personnels, faits sur son temps libre, pour acquérir expérience et fait par passion ?
La réponse est simple : je travaille déjà bien assez pour orienter ailleurs le peu de temps libre qu’il me reste. En effet aux missions contractées en tant que freelance s’ajoute du bénévolat, auquel j’accorde la même rigueur que mes missions. Cela grignote quelques heures par semaine. Ensuite, vient des projets dans lesquels je peux m’investir pour aider ponctuellement des collègues, mais aussi certains où j’ai la place d’associé et de “lead developper”; ce que je ne classe pas comme une mission car pas de rémunération à proprement parler pour l’instant mais sur lesquelles il faut bien s’investir car personne ne programmera à ma place.
Le temps libre qu’il me reste est donc consacré à mes amis et ma famille, et à d’autres activités comme la lecture qui me permettent en plus de trouver une inspiration et des solutions originales pour mes prochaines missions. Et je pense qu’il est vraiment mieux investi comme cela qu’en développant une énième application de répertoire téléphonique, de to do list, ou un énième SaaS (pour Software As A Service, logiciel en tant que services) bancal dont la monétisation reposerait sur une présentation vendue pour le reproduire (je ne cite pas de nom, les devs, on en a tous en tête).
Chers futurs prospects, chers futurs clients : un portfolio légèrement dégarni n’est pas forcément synonyme de manque de compétences. Prenons le temps de discuter, de s’appeler et d’échanger, et je pourrais vous expliquer tout cela de vive voix.